Cet article invité est proposé par Marie Zaé, journaliste et passionnée de sport de raquettes (squash, bad et tennis) depuis toujours !

Il est aujourd’hui de plus en plus fréquent de voir des grands champions sportifs s’adonner au poker, parfois même en tant que joueurs professionnels comme cela a été le cas du footballeur Cristiano Ronaldo, du joueur de cricket Shane Warne, mais aussi du grand tennisman Rafael Nadal. Que ce soit d’anciens ou d’actuels sportifs, on les retrouve dans des compétitions de poker en ligne ainsi que lors de gros tournois dans des casinos prestigieux un peu partout dans le monde.

Mais alors, d’où vient cet attrait du poker de la part de ces grands athlètes ?

Le poker est un jeu d’adresse et de stratégie dans lequel les chances de gagner sont censées être favorables de manière égalitaire pour tous les participants. Mais cela concerne la distribution de cartes, car en fait, le poker est un jeu stratégique qui demande un grand talent mais aussi des capacités cognitives très spécifiques. Et c’est cet aspect que les professionnels du sport apprécient, même à la fin de leur carrière sportive, car il retrouvent des éléments clés du monde sportif.

Bien que la nature sédentaire du jeu puisse sembler en contradiction avec le style de vie active des athlètes, les visages des médaillés d’or olympiques et des vainqueurs de la Coupe du Monde aux tables de poker du monde entier suggèrent qu’il ne s’agit pas d’un simple passe-temps passif.

Le joueur de cricket Shane Warne explique qu’il apprécie les terrains de jeu équitables dans lesquels « n’importe qui peut battre n’importe qui ». Il a grandi en assistant aux soirées poker hebdomadaires de son père, et en pratiquant contre son frère cadet. Puis, en tant que joueur de cricket, Warne jouait au poker avec ses coéquipiers à l’arrière du bus lors des tournées. « Depuis que je suis à la retraite », dit-il, « j’ai le temps de me lancer dans le poker professionnel. Il est très difficile après 20 ans de cricket international, de remplacer cette compétitivité », admet Warne. « Il y a neuf ans, quand j’ai pris ma retraite, j’ai retrouvé le poker, et même si j’y ai joué toute ma vie j’ai pensé « wow! » C’est vraiment excitant de développer la stratégie, lire des joueurs, essayer de résoudre les problèmes – et bien sûr cette nature compétitive autour de la table de poker est passionnante. »

Jeni Heinemann, psychologue du sport, affirme que les sportifs professionnels se lancent souvent dans des carrières secondaires ou des passe-temps compétitifs. « Pour leur bien-être émotionnel, il est essentiel qu’ils trouvent un débouché pour leur dynamisme et leur amour de la performance », explique Heinemann. Et ce ne sont pas seulement les vedettes masculines du sport qui se tournent vers le poker. Fatima Moreira de Melo a passé plus de dix ans dans l’équipe néerlandaise de hockey sur gazon, remportant la médaille d’or aux Jeux olympiques de 2008. Depuis sa retraite, elle a été parrainée pour jouer au poker de manière professionnelle et elle a amassé 419 540 $ de gains en tournois live au cours des six dernières années. De Melo explique : « Je  suis compétitive, j’aime cette pression. Les tournois de poker de haut niveau me permettent de maintenir ce besoin de compétitivité et de stratégie. »

Les tournois de poker de haut niveau permettent de maintenir le besoin de compétitivité et de stratégie que ressentent les sportifs – Photo par Pixabay / CC0

Mais au-delà de ces similitudes de ressentit et d’adrénaline, quels sont les réels bénéfices de la pratique du poker pour un joueur de tennis ?

Selon Heinemann, le poker est non seulement une activité idéale pour les entraînements compétitifs des professionnels du sport, mais il leur offre également la possibilité d’utiliser leurs compétences particulières. Tout est une question de compétition. Avec les tournois de poker, tout le monde commence au même niveau. Il ne s’agit pas d’argent, mais de l’amour du jeu. Les sportifs aiment la compétition au plus haut niveau, et le bon moyen d’être meilleur, c’est de rivaliser avec les meilleurs.

La patience dont un sportif doit faire preuve lors d’un match, il doit l’avoir aussi à la table de poker. Il faut savoir surmonter les hauts et les bas, être patient et attendre son tour sans dévoiler ses faiblesses. Les similitudes stratégiques sont assez bluffantes finalement.

Lorsque vous découvrez votre adversaire sur le cours de tennis, vous rencontrez souvent un sportif que vous n’avez jamais vu auparavant. Vous devez alors déterminer rapidement ses forces et des faiblesses, ainsi que son jeu dans sa globalité. En somme, vous devez déterminer rapidement la personnalité du tennisman afin de pouvoir rebondir à ses attaques, ce qui est très similaire au monde du poker.

Un autre apprentissage essentiel du poker qui est très utile dans le sport est le bluff. Persuader l’adversaire que vous êtes le plus fort et que vous avez le meilleur jeu est un excellent moyen de vous convaincre également et via ces pensées positives, de réellement améliorer votre jeu tout en déstabilisant la personne en face de vous.

Selon Heinemann, l’une des compétences les plus utiles des stars du sport est leur capacité à rester calmes et concentrés sous la pression. Rafael Nadal et d’autres ont effectivement cette compétence lorsqu’on les retrouvent autour d’une table de poker. Un moyen de mesurer la qualité d’un sportif, c’est qu’il soit conscient qu’il a fait une erreur mais qu’il arrive malgré tout à continuer comme si de rien n’était et obtenir la victoire. Rebondir devant l’adversité est une clé dans ces deux pratiques.

Pour conclure, le poker est un défi mental qui au-delà d’offrir des pics d’adrénaline, permet de lire ses adversaires, d’augmenter sa confiance en soi, sa patience, sa stratégie, sa mémoire, et son bluff. Toutes ses choses sont essentielles à la pratique du sport en général et donc du tennis, en complément d’un bon entraînement physique et d’une bonne alimentation.